Les nouveaux chiens de garde [DOCU]

Documentaire incontournable: les Chiens de Garde

« Les Nouveaux Chiens de Garde » est un documentaire de 2012 adapté du livre éponyme de Serge Halimi et nominé en Césars 2013 dans la catégorie « Meilleur Film Documentaire ». C’est un de ces documentaires qui vous marque vraiment. Serge Halimi y analyse comment aujourd’hui les journalistes sont devenus les « nouveaux chiens de garde », en référence aux « chiens de garde » dénoncés par Paul Nizan en 1932, c’est-à-dire les philosophes de l’époque qu’il accusait de perpétuer les valeurs morales et économiques de la classe bourgeoise.

 

Les Chiens de Garde en quelques mots

Le documentaire part du constat que l’impartialité du traitement de l’information repose sur 3 principes: indépendance, objectivité et pluralisme. Il analyse ensuite pourquoi, selon lui, ces principes ne sont pas respectés sur la scène médiatique française, contribuant ainsi à l’appauvrissement du débat public et à l’absence de pluralisme de pensée.

1. Indépendance : je te tiens, tu me tiens par la barbichette

les nouveaux chiens de gardeIl existe une collusion entre pouvoirs politique, journalistes et dirigeants d’entreprise, puisque 6 groupes industriels sont actionnaires de la grande majorité des journaux, des radios et des chaînes de télévision en France. A la tête de ces groupes : Arnaud Lagardère, Bernard Arnault, Serge Dassault, François Pinault, Vincent Bolloré et Martin Bouygues. Petite précision qui vaut son pesant de cacahuètes : 4 de ces 6 là sont copains comme cochon avec Nicolas Sarkozy et étaient présents au Fouquet’s le soir de sa victoire en 2007. Rajoutons à cela que Martin Bouygues et Bernard Arnault étaient les témoins du mariage de Nico et Cécilia, et que Martin est aussi le parrain du fils de Nico, on se dit que tout va bien dans le meilleur des mondes, et qu’il n’y a absolument pas de risque que les médias passent sous silence ou traitent de manière biaisée certains évènements.
Au delà des copinages, la scène politico-médiatique ressemble parfois à un épisode digne des Feux de l’Amour (Pulvar / Montebourg, Ockrent / Kouchner, Sinclair / DSK, etc.), entravant ici aussi l’impartialité journalistique, surtout quand Christine Ockrent est nommée par l’Elysée directrice générale de l’AEF (Audiovisuel extérieur de la France) au moment même où son mari est Ministre des Affaires Etrangères. Mais à part ça, tout va bien.

 

2. Objectivité : la fabrique du « prêt à penser »

La perpétuation de l’idéologie économique dominante (le modèle néolibéral mondialisé donc) est garantie par la multiplication des informations pré mâchées, les interventions d’une poignée d’ « experts » omniprésents sur le PAF, les affrontements factices sur des sujets mineurs et les renvois d’ascenseur. Surtout quand ces « experts » (Alain Minc, Michel Godet, Jacques Attali, Christian de Boissiere, etc. pour ne pas les citer) qui disent grosso modo tous la même chose sur le fond en ne changeant que la forme, sont présentés insidieusement comme neutre alors qu’ils sont aussi administrateurs de certaines grandes boîtes. C’est vrai que présenter Elie Cohen comme « Directeur de recherche au CNRS » ça claque ! Beaucoup moins si on ajoute « Administrateur d’Orange et Steria ».

 

3. Pluralisme : le jeu des chaises musicales

Le grand nombre de titres de presse écrite et de chaînes télé masque l’ampleur de la concentration médiatique, à la tête desquelles on retrouve de toute façon toujours les mêmes, comme en témoigne ce jeu des chaises musicales de l’hiver 2010-2011 :

Et qu’au final ils traitent tous des mêmes sujets : insécurité (« attention danger ! les etrangers sont partout »), actualité mondaine, (« Schumacher est dans le coma, Schumacher est toujours dans le coma, Schumacher a failli se réveiller mais en fait non, Schumacher a mangé une compote à la figue… « ), faits-divers digne de la presse de caniveau, sans oublier bien sûr les fameux petits reportages de fins de JT du type « Jean-Michel, éleveur de betteraves dans le Poitou Charente ». Par contre, pour analyser la tuerie de Garissa au Kenya qui a quand même fait 148 morts, faudra repasser. A croire qu’il y a une rupture de stock de l’actu africaine et asiatique (enfin soyons honnête : sauf si ça concerne les exportations chinoises, ça on prend).


Un documentaire coup de coeur

Bien que le docu se veuille très alarmiste et ait le défaut de généraliser à partir d’exemples, il est à mettre entre toutes les mains. Son visionnage devrait limite être obligatoire au collège à la place des cours de latin (oui j’ai pas aimé mes cours de latin), pour inciter à développer un minimum d’esprit critique et en finir une bonne fois pour toutes avec les phrases du type « si les médias le disent, c’est que c’est vrai ».

Alors que faire pour une information plus impartiale? Jeter sa télé du 3ème étage, rejoindre les bancs d’Anonymous et jurer allégeance à Julien Assange ? Pas besoin d’aller jusque là heureusement. La télé diffuse aussi de très bons films et documentaires, des tournois sportifs (ouais c’est Roland Garros en ce moment et je fais pas mal monter l’audimat de France 2), donc personnellement je n’ai pas (encore) le cœur à m’en séparer. Une solution simple cependant : branchons notre cervelle et mettons en marche notre esprit critique. Informons nous avec diverses sources (internet ou les médias étrangers donnent par exemple une autre perspective sur l’actualité).

👉 Pour voir le documentaire : en VOD (à partir de 3 euros), en DVD ou sur iTunes (9,99 euros). Ou peut-être en fouillant bien sur YouTube…

La Carotte Masquee

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